Divers facteurs influencent la performance d’un traitement phytopharmaceutique, qu’il s’agisse de glyphosate ou d’un autre produit, avec l’objectif corollaire de limiter la dérive : les conditions climatiques, la qualité de l’eau, la formulation, les éventuels adjuvants, le type de buses et le volume de bouillie.
2.1. Conditions climatiques
En tant que produit foliaire systémique, le glyphosate doit après contact avec les feuilles traverser leur cuticule puis circuler au sein la plante pour jouer pleinement son rôle herbicide. L’efficacité du produit est donc d’autant plus élevée que la végétation est « poussante » : les conditions les plus favorables dans les huit jours encadrant l’application sont une hygrométrie supérieure à 60 %, des températures de l’air douces (comprises entre 8 °C et 20 °C) et un sol humide. Une hygrométrie élevée rend la cuticule des feuilles lâche, ce qui accélère la pénétration du produit et augmente la performance du traitement, ceci d’autant plus que la cuticule est peu épaisse (feuille jeune).
Le glyphosate se présente sous forme de concentré soluble (formulation SL). De manière générale, les formulations aqueuses forment de plus petites gouttes, sont moins bien retenues et pénètrent plus lentement au travers de la cuticule que les produits émulsionnables car ces derniers sont de même nature chimique que les cires de la cuticule. Il est à noter que le délai à la pluie n’est pas uniquement lié au temps de pénétration : il dépend aussi de l’adhérence du produit à la cuticule !
2.2. Qualité de l'eau
Le glyphosate est la seule matière active sensible à la dureté de l’eau. Les hautes concentrations en calcium et magnésium caractérisant les eaux dures conduisent à la formation d’un complexe de ces ions avec le glyphosate, d’où une moins bonne pénétration du produit dans la plante.
Deux solutions pratiques sont préconisées par Arvalis pour corriger la dureté de l’eau :
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pour des duretés n’excédant pas 200 ppm Ca++, il existe en France des adjuvants spécifiques pour le glyphosate qui permettent de corriger partiellement l’effet néfaste de la dureté : il s’agit du Genamin (utilisé à raison de 0,5 l/100 l de bouillie) ou du Glyfor ;
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pour des duretés supérieures à 200 ppm Ca++, Arvalis préconise l’ajout de 1 gramme de sulfate d’ammonium par ppm de calcium et par 100 litres d’eau (NDLR : le sulfate d’ammonium étant un engrais azoté, attention à ne pas être en contradiction par rapport au Programme wallon de Gestion durable de l’Azote en Agriculture !).
Les sels que sont le sulfate d’ammonium ou l’azote liquide contribuent également à diminuer la sensibilité du glyphosate à la cristallisation (effet identique pour le Genamin) : en effet, ils absorbent l’humidité de l’air et ralentissent la dessiccation des gouttelettes de la bouillie à la surface de la feuille. Cet effet positif est tout particulièrement intéressant en cas de faible hygrométrie.