Gestion des intercultures « courtes »

Interculture « courte » ou « d’été » avant semis de céréales

A partir de 6-8 semaines d’interculture, entre par exemple un pois, un escourgeon ou un lin et un froment, il est agronomiquement pertinent d’implanter un couvert. C’est même une obligation pour les pois récoltés avant le 15/08 et suivi d’un froment (voir PGDA IV). Cette année 2024, les pluies à répétition ont retardé l'implantation des couverts cet été. Cependant pas mal d'agriculteurs ont réussi à implanter assez tôt leurs couverts. Et dans ce cas les couverts sont assez réussis car l'eau n'a pas été limitante. Il se pose ensuite la question de l'implantation de la céréale d’hiver sans labour, voire sans aucun travail du sol ! Nous vous proposons quelques éléments à prendre en compte pour orienter votre choix sur la meilleure technique pour implanter votre céréale (semis direct ou TCS). À noter que nous n’abordons pas ici la gestion de couverts permanents qui représentent une situation particulière et dont les itinéraires techniques varieront en fonction des objectifs poursuivis.

Tout d’abord, observez la structure du sol. Pour pouvoir s’orienter vers du semis direct, l’horizon arable (0-30cm) doit être dépourvu de zones compactées. L’idéal est d’anticiper cette observation avant l’implantation du couvert, pour décompacter ou fissurer si besoin à ce moment. Si cela n’a pas été le cas ou si le travail du sol n’a pas suffisamment bien rempli son rôle, une fissuration pourra avoir lieu avant l’implantation de la céréale, en condition climatique plutôt sèche pour éviter un phénomène de lissage (le sol doit être ressuyé, friable, ni trop humide, ni trop sec).

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Si vous avez à disposition un semoir de semis direct à dents ou à disques et si la structure du sol est bonne, un semis direct sera possible. C’est la quantité de biomasse produite par votre couvert qui déterminera l’itinéraire technique. Si la biomasse est supérieure à 4T de MS (au niveau de la hanche, environ, ou estimable via la méthode MERCI), le semoir à disques sera suivi d’un passage de rouleau pour favoriser le contact sol-graine et éviter l’effet parapluie lors d’un traitement herbicide. Le semoir à dents, quant à lui, devra être précédé d’un broyeur ou d’un rouleau quelques jours avant le semis. Un traitement au glyphosate (1,5 ou 2 L/ha selon la concentration), maximum 2 jours après semis, sécurisera l’implantation de la céréale et pourra constituer le seul traitement herbicide d’automne. Une impasse de ce traitement glyphosate ne sera possible que si le couvert aura eu un très bon effet concurrentiel par rapport aux adventices, en l’absence de repousses ou autres espèces non gélives et si les espèces du couvert sont bien sensibles à l’effet du broyage ou du roulage. Un traitement anti-dicotylées sera toutefois possible en rattrapage à l’automne. Si la biomasse du couvert est faible, un traitement glyphosate devra être associé au semis direct à dents ou à disques, car une action mécanique de surface ne suffira pas à détruire le couvert. Si ce traitement ne suffit pas, un rattrapage herbicide restera possible au printemps.

Enfin, si vous ne disposez pas de semoir de semis direct ou si la structure du sol n’est pas optimale, un travail du sol sera nécessaire avant l’implantation de la culture. Encore une fois, c’est la biomasse produite par le couvert qui déterminera l’itinéraire technique. En cas de forte biomasse, un broyage, mulchage (disques) ou un roulage sera réalisé une dizaine de jours avant le semis. S’il y a des espèces non-gélives (dans le mélange du couvert, en tant que repousses ou qu’adventices) ou s’il y a une faible biomasse, le recours au glyphosate ou à plusieurs déchaumages ou scalpages sera nécessaire. Une fissuration peut avoir lieu à ce moment si une zone de compaction superficielle a été diagnostiquée. Avant le semis, le sol sera travaillé superficiellement pour préparer le lit de germination, avec des disques, des dents ou encore une rotative.

A retenir :

Pour réussir l’implantation d’une céréale d’hiver avec le moins de travail du sol et d’intrants possible, il est nécessaire d’investir dans un couvert qui produira une forte biomasse en période estivale, qui arrivera à maturité à l’automne et qui sera bien sensible à l’action d’un rouleau, d’un broyage et/ou du gel. Un mélange constitué par exemple de moutarde, phacélie, vesce, féveroles sarrasin, nyger et tournesol fournira ainsi un bon résultat.

En cette saison déjà avancée, chaque situation peut aboutir à un itinéraire technique particulier. C’est donc l’adaptabilité qui sera la clef d’une implantation de céréales sans labour : voir l’arbre de décision.

Arbre de decision

Petits trucs et astuces supplémentaires :

  • Si vous ne travaillez pas le sol du tout, augmentez légèrement la densité de semis (+10%) pour compenser les éventuelles pertes à la levée. Le semis devra également s’effectuer un peu plus tôt que dans le cas d’un sol travaillé (idéalement avant le 15/10).
  • Attention de ne pas trop rappuyer le semis et de surveiller la présence de limaces, surtout en condition humide.
  • Les semoirs de semis simplifié, équipés d’un double train de disques, sont tout à fait à même de passer dans des couverts de plus d’un mètre.
  • Le non-travail du sol total permet de maintenir une très bonne portance du sol, ce qui permettra d’intervenir précocement au printemps (pour la fertilisation, par exemple), sans marquer le sol.Semi direct céréales Semoir weaving

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