Du suivi qui a été mené tout au long de la saison culturale, les premières conclusions qui pourraient être tirées sont les suivantes (à confirmer bien entendu, le suivi réalisé n’ayant aucune prétention d’exclure ad vitam aeternam les couverts qui n’ont pas donné satisfaction la première année, d’autant plus que les couverts ont été testé en solo et non pas en mélange comme le préconisent les adeptes de ces nouvelles techniques).
Les espèces qui, semées endéans la période optimale pour le colza (environ du 20 août au 5 septembre), sont susceptibles de se développer fortement au cours de l’automne (comme la moutarde blanche et la phacélie), semblent à proscrire tout du moins aux (fortes) densités adoptées dans la plate-forme, d’abord pour le piégeage important d’éléments minéraux qu’elles engendrent au détriment du colza, ensuite pour les problèmes d’élongation qu’elles sont susceptibles d’induire. Les couverts dont la sensibilité au gel semble trop aléatoire que pour être détruits naturellement et totalement au cours de l’hiver (dont le trèfle incarnat) semblent, en première approche, également à mettre de côté pour des comportements potentiellement incontrôlables à la sortie de l’hiver. Il en est de même pour la caméline qui a marqué très tôt un effet dépressif inexpliqué sur le colza mais qui ne semble pas lié à un prélèvement excessif d’éléments nutritifs vu son faible développement.
Parmi les espèces qui ne présentaient pas ces défauts manifestes dans la plate-forme, il faut également s’interroger sur la pertinence d’associer des espèces dont l’appétence par les limaces est bien connue comme le nyger ou le tournesol et juger de leur effet potentiellement négatif en mélange avec du colza.
Quelle que soit l’espèce considérée, le choix de la densité de semis doit résulter d’un savant exercice d’équilibre pour couvrir suffisamment le sol et éviter la prolifération des adventices à l’automne (objectif atteint à Antheit pour la plupart des couverts, ce qui est en soi une réussite, mais à de fortes densité de semis) mais non excessivement pour limiter la compétitivité vis-à-vis du colza, comme cela a été le cas pour la féverole ou le pois de printemps à 300 kg/ha. L’association de plusieurs espèces de couverts invite également à réfléchir sur leurs densités respectives les plus adéquates.
Pour les combinaisons espèces / densités qui ressortent globalement les plus prometteuses (celles à base de sarrasin à 50 kg/ha, de trèfle d’Alexandrie à 25 kg/ha, de fenugrec à 50 kg/ha et de lentille fourragère à 50 kg/ha), l’absence de répétitions et la perte du témoin sans couvert ne permet malheureusement pas de les départager du point de vue des rendements. L’évaluation de la pertinence de ces couverts dans les conditions de la pratique devra également intégrer leur coût et la possibilité de les semer simultanément en un seul passage avec le colza (mélange des semences dans la trémie du semoir).
Enfin, d’un point de vue méthodologique, les essais qui seront lancés dès la saison 2011-2012 (système non-labour et non plus bio) sur base de ces premières conclusions devront, outre tenter de répondre à toute une série de questions (dont celle de la fixation effective d’azote atmosphérique par les légumineuses), investiguer davantage (et si possible de manière chiffrée) deux phénomènes qui ont été constatés visuellement à Antheit pour les confirmer ou les infirmer, à savoir une réduction du niveau d’attaque des altises en présence d’un couvert associé quel qu’il soit et des niveaux de salissement par les graminées adventices (dont vulpins) parfois très contrastés, la parcelle à base de fenugrec présentant à la récolte un niveau de propreté remarquable.
Synthèse rédigée le 21/08/2011 par S. Weykmans (ASBL Greenotec) sur base du rapport du suivi CDH11-AntheitVI. Que tous les partenaires du suivi (dont la DGARNE, Mr C. Schiepers, Mr C. Wanzoul et la SCAM) soient remerciés, au même titre que Mme C. Cartrysse (APPO ASBL) pour ses précieux conseils.
Références bibliographiques
WEYKMANS S. (2011). Suivi comparatif de seize couverts associés au colza d'hiver en 2010-2011 à Antheit (Wanze). Rapport. Strée-lez-Huy, B. : Greenotec ASBL, 28 p.