Evaluation agronomique:
Réflexion n°1 : Les couverts composés de légumineuses jouent également un effet piège à nitrate significatif.
Les mesures d’azotes réalisées confirment l’effet piège à nitrates des légumineuses. En effet, comme cité dans le chapitre État des connaissances, les légumineuses en pur limite la lixiviation des nitrates quand la quantité d’azote dans le profil est faible ou moyen. Les mélanges de légumineuses et de non?légumineuses ont un effet piège à nitrates équivalent par rapport aux non?légumineuses pures. (Cohan & Labreuche, 2015)
Il ne faut donc pas avoir peur d’incorporer des légumineuses dans ses couverts. Néanmoins, il faut tout de même respecter la législation qui autorise un maximum de 50% de légumineuses en poids de semence dans le mélange réalisé. En observant les résultats des mesures d’azote, cette réglementation est contredite dans les essais. En effet, le mélange testé durant l’essai FDH15, qui est composé de 100% de légumineuses, piège tout de même 80 unités d’azote.
Réflexion n°2 : La biomasse produite par les intercultures courtes dépend du type de mélange réalisé.
Durant l’essai FDH16, la biomasse mesurée sur les mélanges complexes est toujours plus élevée par rapport aux mélanges plus simples. De plus, l’écart de biomasse entre les différentes répétitions est minime pour ce type de mélange. Cet essai confirme donc l'idée que chaque plante participe à la biomasse sans trop concurrencer les espèces présentes dans ce mélange. Il y a donc une production supérieure par rapport à des espèces en pur. (Thomas, 2009) (Minette, 2009).
Réflexion n°3 : Par la restitution des éléments fertilisants captés par les couverts, les différents mélanges d’engrais verts testés ont un impact sur l’auto-fertilisation azotée du froment d’hiver
Suite à l’essai fertilisation réalisé durant l'année 2016, différents résultats sortent du lot.
- L’absence de fertilisation en sol nu donne de meilleurs rendements qu’en sol couvert. Ceci peut s’expliquer par le fait que le froment implanté sur un sol non couvert prélève directement l’azote présent dans le sol.
- Le profil azoté printanier pour cette parcelle contient un peu moins de 80 Unités d’azote. Valeur non négligeable.
- Pour les mélanges contenant de l’avoine, le profil printanier est également riche en azote. Malgré cela, le rendement est diminué. Ceci peut s’expliquer par le fait que ces mélanges, après destruction, prélèvent une partie de l’azote présent dans le sol pour leur minéralisation. Ce phénomène entraine donc une légère faim d’azote pour le froment. La diminution de rendement sur sol couvert et non fertilisé est donc expliquée.
Remarque : L’agriculteur, chez qui on a mis en place l’essai, pratique les couverts végétaux et apporte régulièrement de la matière organique sur ses terres. Il est donc fort probable que ce système a une inertie sur la restitution azotée.
Lorsqu’on regarde les rendements pour la fertilisation de 100 U, les quatre modalités de couverture donnent des résultats plus ou moins équivalents. De plus, ce n’est plus la modalité sol nu qui est la plus productive mais plutôt la modalité avoine + trèfle d’Alexandrie. La fumure azotée a donc permis, en partie, de minéraliser le couvert. Le froment a donc bénéficié de tout l’azote déjà présent dans le sol et va également bénéficier de la minéralisation progressive du couvert.
La fertilisation de 150 U ne permet pas un gain de rendement très élevé. Cette fertilisation supplémentaire n’est donc peut-être pas nécessaire au point de vue économique (cet aspect est développé dans la partie Évaluation économique située ci-dessous). Une partie de l’azote apportée en supplément serait donc inutile. La quantité d’azote présente dans le sol est donc suffisante pour exprimer un rendement satisfaisant.
La couverture de sol a donc bien un effet sur la fertilisation du froment. Cet effet est marqué lorsqu’une fertilisation azotée est apportée. Celle-ci permet de minéraliser plus facilement l’azote du couvert et permet d’éviter en partie le phénomène de faim d’azote. Ce phénomène ne serait sûrement pas observé avec des mélanges de couvert composés uniquement de légumineuses. En effet, ce type de mélange se minéralise très facilement vu son C/N assez bas.
Réflexion n°4 : La modalité 100% semis direct à disque a un impact sur la biomasse des intercultures, la mobilité de l’azote dans le sol et le rendement du froment d’hiver.
L’interculture courte ayant obtenu le meilleur résultat de biomasse est la modalité implantée en semis direct. En effet, durant la croissance des couverts, cette interculture courte a toujours été la plus belle et la plus grande. Au vu de ce résultat, le travail du sol avant le semis des couverts n’est pas indispensable pour permettre une bonne croissance des engrais verts. Ceci est valable lorsque le pois de conserverie a été récolté en de bonnes conditions. En effet, les conditions de récolte pour cet essai étaient bonnes.
Néanmoins, cette méthode de semis restitue moins d’azote à la culture suivante mais capte un maximum d’azote dans le sol. Ceci s’explique par une minéralisation beaucoup plus lente vu que le sol n’est pas travaillé.
Le rendement du blé suivant ce couvert, est tout de même moins élevé que les autres modalités. Mais lorsqu’on regarde l’analyse économique (située ci-dessous), cette modalité est classée deuxième dans les plus rentables. En effet, le coût de ce type de semis est très bas.
Autres paramètres testés pour lesquels aucuns effets statistiques significatifs n’ont pu être dégagé.
- La biomasse des intercultures courtes pour l’essai destruction FDH16
- Le comptage des levées du froment pour l’essai destruction FDH15 et FDH16
- Le comptage des levées du froment pour l’essai couverture de sol FDH16
- Le comptage des épis de froment pour l’essai destruction FDH16
- Le rendement du blé pour l’essai destruction FDH15 et FDH16
- La teneur en humidité des graines pour tous les essais
- Le poids spécifique des graines pour l’essai destruction FDH16
- Le PMG des graines pour l’essai couverture de sol FDH15
- Le PMG des graines pour l’essai destruction FDH16