3.2 Des résidus d’herbicides constitueraient une deuxième raison de l’échec
La météo ne serait pas l’unique raison de l’échec : parmi les agriculteurs sondés, il en est un chez qui du nyger semé au 10 juillet après escourgeon n’atteindra que 25 cm de hauteur ! Certaines molécules de la famille des sulfonylurées sont montrées du doigt et expliqueraient certains échecs lors du semis de nyger sans labour préalable. L’expérience de Monsieur J.-C. Renaudat en France nous apprend cependant qu’il faut considérer plus précisément la nature des molécules incriminées, leur dose et la date d’application sur le précédent céréale :
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les résidus de sulfonylurées à base de propoxycarbazone seraient les plus nocifs vis-à-vis du nyger ;
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concernant la date d’application, les désherbages avant le 15 mars n’engendreraient pas (ou très peu) de risque, ni les désherbages de rattrapage entre le 15 mars et le 15 avril au tiers voire à la moitié de la dose ; pour les rattrapages après le 15 avril, le risque serait fortement dépendant de la pluviométrie jusqu’à la récolte : 300 mm de pluie écarteraient fortement le risque de blocage du nyger (plus grande est la pluviométrie et plus grande serait la mobilité de la molécule et des micro-organismes de dégradation dans le sol, diminuant ainsi la concentration et la rémanence des herbicides).
3.3 D'autres causes plus évidentes
A ces deux causes probables s’ajoutent d’autres éléments permettant d’expliquer ce qui s’est passé chez des agriculteurs enquêtés et qui sont nettement mieux connus car préalablement rencontrés avec d’autres espèces de couverts :
- des techniques de semis peu appropriées, notamment à la volée sans recouvrement : ce mode de semis convenant bien pour la moutarde ne l’est pas pour la phacélie, espèce aux semences de petite taille comme le nyger ; les opérations réalisées avec un combiné herse rotative - semoir avec une profondeur de semences de 1 cm ont dans la plupart des cas donné une levée satisfaisante ;
- dans certaines situations une concurrence exacerbée de la paille en surface vis-à-vis de l’azote (observations fréquentes en couverts de moutarde) ;
- une pression très élevée des limaces vis-à-vis de nombreux couverts en 2007 dont le nyger mais de très graves dégâts ont également pu être observés dans des couverts de tournesol.
4. Conclusions et recommandations
Pour les agriculteurs qui seraient intéressés d’utiliser le nyger comme culture intermédiaire entre une céréale et une culture de printemps, il est recommandé, dans les conditions pédoclimatiques de la Wallonie, de procéder au semis (en ligne) avant le 5 août pour éviter de connaître des problèmes de croissance et d’être particulièrement vigilant dans les situations où le précédent à paille a été désherbé avec des molécules de la famille des sulfonylurées.
Nous nous permettons d’insister d’autant plus qu’à partir de 2008, à l’obligation de « moyens » en matière de lutte contre le lessivage des nitrates en zone vulnérable (en l’occurrence la couverture obligatoire des sols) s’est ajoutée une obligation de « résultats » contrôlée par les mesures d’APL (Azote Potentiellement Lessivable) à l’arrière-saison.