Nous ne disposons pas d’indication sur les variétés qui ont posé problème (peu d’agriculteurs connaissent d’ailleurs les variétés utilisées). Cinq des six semis ont été réalisés durant la deuxième ou la troisième décade du mois de juillet, en d’autres termes des semis très précoces (la sixième parcelle a été semée au début du mois d’août 2006 mais les moutardes ont pu bénéficier d’une arrière-saison exceptionnellement clémente).
Dans tous les cas, les parcelles en question ont été emblavées l’année suivante avec des betteraves sucrières ou du maïs où les levées de moutarde, éventuellement échelonnées, ont été détruites par des programmes de désherbage tout à fait classiques n’engendrant aucun surcoût financier, de même que pour le froment d’hiver qui a succédé à ces cultures de printemps.
Par contre, il est à noter que des repousses parfois abondantes ont dans la moitié des cas été observées encore après la moisson de ce froment d’hiver, càd en septembre 2008 pour des moutardes initialement semées en août 2006 ! Les semences seraient donc assez persistantes dans le sol, et en la matière, c’est principalement les types de travaux de sol pratiqués (labour / non-labour, déchaumages plus ou moins profonds) qui vont conditionner le taux d’épuisement du stock semencier.
A noter également que plusieurs agriculteurs nous ont fait part du besoin de doses supérieures de glyphosate pour venir à bout des moutardes en fleurs et que dans un contexte global de réduction des produits phytosanitaires cette constatation mérite une attention particulière.
4. Comment limiter le risque d’une floraison précoce et d’une montée en graines ?
Le choix de la
date de semis apparaît comme le levier le plus puissant mais également le plus simple pour éviter une floraison précoce et une montée en graines éventuelle des moutardes. En tout état de cause, les semis de juillet sont totalement à proscrire, ceux de la deuxième quinzaine du mois d’août sont à privilégier. Attention toutefois aux semis trop tardifs (mi-septembre) qui, s’ils évitent tout risque en matière de montée en graines et minimisent les risques de bourrages au semis de la culture de printemps en cas de non-labour, limitent également la quantité de nitrates qui pourra être piégée par la moutarde, ce qui peut s’avérer préjudiciable tant pour l’agriculteur que pour l’environnement surtout sur des précédents ayant laissé un haut niveau de reliquats azotés.
Le choix raisonné d’une variété pourrait également mériter une attention accrue. L’ITB (Institut Technique de la Betterave en France) teste chaque année une vingtaine de variétés de moutarde sous l’angle de la précocité de floraison mais également de la sensibilité au gel.
En cliquant ici puis en cliquant successivement sur les onglets « Itinéraire technique » puis « La gestion de l’interculture avant betterave » et enfin sur « Couverts végétaux – évaluation variétale », vous pouvez télécharger un document synthétisant les résultats et qui a fait l’objet d’une parution dans le Betteravier Français de juillet 2008.
Enfin, même si un
bon état structural du sol et un haut
niveau de reliquats azotés au moment du semis de la culture intermédiaire permettent de minimiser le risque d’une floraison précoce, ils ne doivent (évidemment !) pas s’envisager comme un objectif en soi vis-à-vis de la moutarde surtout si elle est cultivée dans une optique de piège à nitrates…
5. Conclusion
Au vu des éléments en notre possession, il apparaît que la floraison des moutardes et leur montée éventuellement en graines doivent être considérées moins comme une source de problèmes en matière de salissement des terres (les cas avérés sont extrêmement rares) que comme un indicateur de bonnes (faible niveau de reliquats azotés) ou mauvaises (défauts de structure de sol entre autres) pratiques culturales.
Synthèse rédigée le 25/11/2008 par S. Weykmans (ASBL Greenotec) avec les précieux conseils de Luc Couvreur et avec l’aimable collaboration de Caroline Devillers de même que celle d’une multitude de partenaires et de membres de l’ASBL Greenotec qu’il serait impossible de nommer in extenso.
Sources bibliographiques : DEVILLERS C. (2003). Couvertures d’hiver en interculture en Brabant wallon : enquête sur les pratiques, essais de captage d’azote et essai de germination de Sinapis Alba. Mémoire présenté en vue de l’obtention du diplôme d’ingénieur agronome. Louvain-la-Neuve, B. : Université catholique de Louvain, Faculté d’Ingénierie biologique, agronomique et environnementale, Laboratoire d’Ecologie des Prairies, 141 p.
MAZOYER M., AUBINEAU M., BERMOND A., BOUGLER A. NEY B. et ROGER-ESTRADE J. (2002). Le Larousse Agricole. Editions Larousse, 767 p.
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Publié le: 2008-11-19