Nous n’avons pas eu l’occasion de constater pareil phénomène sous la moutarde : le fait que la majorité des feuilles n’atteigne la surface du sol que plus tard au cours de l’hiver, quand les tiges se courbent, n’y est peut-être pas étranger. Cette activité des vers de terre sous la phacélie serait-elle la cause d’une plus grande « maturité de terre » au printemps, pour reprendre l’expression des agriculteurs qui ne jurent que par cette espèce, voire l’origine de la métaphore de « vibroculteur biologique » que certains agriculteurs français lui ont conférée ? Qui sait…
Toutefois est-il que l’appétence des vers de terre vis-à-vis de l’une ou l’autre espèce de culture intermédiaire, de même que l’adéquation de celles-ci dans le milieu de vie des lombrics ont été abordées entre autres dans un travail de fin d’études présenté en 2007 par une collègue néerlandophone, Lies Snauwaert de l’Université catholique de Leuven, et pour lequel l’ASBL Greenotec a eu le plaisir d’apporter sa modeste contribution.
2. Le travail de fin d'études (TFE) de Lies Snauwaert
2.1. Objectifs
Le TFE de Lies Snauwaert s’est déroulé dans le cadre d’un projet de recherche dirigé par la K.U.Leuven (Katholieke Universiteit Leuven) baptisé ECOWORM et dont l’objectif final est le contrôle de l’érosion des parcelles cultivées par la gestion des populations de vers de terre (plus d’infos : voir coordonnées ci-dessous). Dans cette optique s’est notamment posée la question de savoir quels pourraient être les impacts positifs des cultures intermédiaires vis-à-vis des populations de vers de terre, mais également les éventuels effets négatifs, certaines Brassicaceae étant soupçonnées d’un possible effet allélopathique sur les invertébrés.
Lies Snauwaert s’est focalisée plus précisément sur l’aptitude de cinq espèces de cultures intermédiaires (avoine, phacélie, moutarde, ray-grass et colza) en tant que source de nourriture et en tant qu’habitat pour les lombrics (à noter que les lignes suivantes ne constituent qu’un résumé partiel de son TFE).
2.2. Les cultures intermédiaires en tant que source de nourriture
Une étude bibliographique préliminaire apprend que l’alimentation des vers de terre consiste tant en de la matière organique qu’en de la matière minérale, ces deux composants étant essentiels et ingérés idéalement en mélange. En ce qui concerne la fraction organique, des études menées depuis les années 1960 ont pu mettre en évidence une préférence pour les matières à faible C/N, pauvres en tanins et polyfénols, et réduites en particules de petite taille (quelques millimètres).