2017- Essai maïs avec sous semis de légumineuses

Introduction

Le maïs est une culture encore très présente en Belgique et malgré ces nombreuses qualités, cette culture présente quelques problèmes. L’objectif des essais qui ont été mis en place est de développer des itinéraires techniques performants en culture de maïs, et ce, tant au niveau environnemental qu’économique, grâce à l'association des légumineuses.

Les essais ont pour objectif de tester la faisabilité technique de nouvelles méthodes culturales en maïs. Ils ont été choisi suivant les résultats des essais précédents et suivant les demandes des agriculteurs, à savoir : pouvoir récolter une légumineuse en grains en même temps que le maïs grains en bio, élever le taux de protéines dans son ensilage, limiter l’apport d’engrais sur le maïs et le froment qui suit tout en limitant l’érosion de leurs parcelles et en ayant une meilleure portance à la récolte.

Sur cette page, il sera développé un essai de sous semis de légumineuses dans l’inter-rang ainsi qu’au suivi d'un autre essais maïs grain bio.

Bonne lecture,

Essai maïs avec sous semis de légumineuses

Objectif :

Pour confirmer les bienfaits d’un sous semis de légumineuses dans le maïs la réalisation d’un essai est mis en place sur une parcelle à Vieusart.  Les différentes légumineuses implantées dans le maïs serviront comme couvert pour une culture de froment suivante. En effet, le but est de maintenir les couverts vivant après le maïs et de venir y implanter la céréale. Les couverts serviront à couvrir le sol entre le maïs et le froment et permettront d’avoir une meilleure portance en cas de mauvaises conditions de récolte du maïs. De plus ils procureront un apport d’azote diminuant ainsi la fertilisation azotée.

 

Cet essai est réalisé dans le but de pouvoir déterminer :

  • les légumineuses qui  concurrencent le moins possible le développement du maïs;
  • les légumineuses qui couvrent le sol de manière homogène et qui vont gêner le développement des adventices;
  • les légumineuses qui sont capables d’augmenter leur biomasse de manière importante après la récolte du maïs ;
  • les légumineuses qui sont capables d’augmenter la qualité de l’ensilage ;
  • dans un deuxième temps, si le trèfle blanc Huia est assez facilement régulé par un désherbage mécanique pour éviter d’utiliser des produits phyto. Cette maitrise du couvert est nécessaire lorsque l’on désire semer du froment en semis direct après la récolte du maïs;
  •  la quantité de relargage azoté effectué par les légumineuses.

La figure ci-contre représente l'arbre de décision représentant le chemin suivi (en vert) sur les pistes possibles (en noir) pour cet essai.

Choix des légumineuses

Les différentes espèces et variétés de légumineuses ont été choisies en fonction de leur date de semis, de récolte, leur taille, leur agressivité (vigueur au démarrage) et leur qualité fourragère. Les dates de semis devaient correspondre à celles du maïs. On voulait des légumineuses qui puissent survivre à l’hiver en sous étage du froment qui suit. La vigueur au démarrage ainsi que la taille étaient aussi une caractéristique importante pour éviter toute concurrence avec le maïs.

Caractéristiques des légumineuses utilisées dans l'essai :

  Vesce Trèfle Blanc Lotier Trèfle d'Alexandrie Trèfle incarnat
Date de semis avril-octobre mars-octobre mars-octobre avril-octobre

avril-octobre

Date de récolte été-automne été-automne été-automne été-automne été-automne
Densité de semis 10-15 Kg/ha 5Kg/ha 8-10Kg/ha 8-10Kg/ha 8Kg/ha
PMG 40g/1000 0.6 à 0.7g/1000 2g/1000 1à 3g/1000 1à 3g/1000
Pérennité Annuelle Pérenne Pérenne Annuelle Annuelle
Agressivité (vigueur au démarrage)

Fort développement végétatif

Assez lent à s’installer, plutôt pour

couvert semi-permanent

 >5ans

Lente au démarrage

Vigueur au départ et redémarrage à

l’interculture, peut être semée en pur

ou en mélange

Bonne croissance mais fin de

cycle rapide, à associer

Qualité fourragère

La plante entière et ses graines sont des aliments très riches en protéines pour l’alimentation animale

Très bonne valeur alimentaire, très digestible et appétant

Une très bonne valeur alimentaire et est riche en protéines.

Utilisation en foin ou ensilage

Feuille poilue pas top top pour ingestion

Profondeur du semis 1 cm 1 cm 1 cm 1 cm 1 cm
Remarques

- Risque de verse élévé difficile à récolter

- Variétés étouffantes

-Semis à la volée

-Très appétentes pour les pigeons et autres oiseaux, à éviter

-Riche en protéines, en oligo-éléments et minéraux, il favorise la production de lait.

-Plante adulte : 40/ 50 cm

 

 

Facilement dominé en association (tardif)

Résiste très bien aux terrains séchants et superficiels

Utilisation en foin ou ensilage

Il peut atteindre 1m de haut

 Sensible à la concurrence sous couvert

Nécessite un semis de qualité (graminee phacélie)

Seul la première coupe donne une bonne production

 Ensilage facile de par sa teneur en glucide soluble

 Ne supporte pas la sècheresse

Hauteur de la plante adulte : 20 - 50 cm

Sources

Gnis 2008

Protect’eau 2016

Anne Schneider 2015

Gnis 2008

Anne Schneider 2015

Gnis 2008

Gnis 2008

Anne Schneider 2015

Joseph POUSSET 2015

 

Anne Schneider 2015

 

Itinéraire technique

La culture précédent l’essai était un froment d’hiver ensuite il y a eu un couvert d’avoine-vesce (50kg/50kg par hectare) semé le 10 septembre 2016. Celui-ci a été détruit le 16 mars 2017 à l’aide de 4l/ha de glyphosate.

Préparation du sol

Les opérations de préparation du sol ont été réalisées le 19 avril 2017 comme reprises dans le tableau suivant avec des outils appartenant au CIPF. Celles-ci se sont déroulées dans de bonnes conditions climatiques, c’est-à-dire sans pluie. La terre était sèche et ressuyée.

Détails du travail du sol avant le semis du maïs

Opération Date Profondeur Infos outil
Déchaumeur à disque 19/04/2017 5-10cm Dicroler 3m
Bic Vibroflex 19/04/2017 16cm Consquill 3m
Rotative 19/04/2017 10cm Kuhn 3m

 

Semis du maïs

Juste avant le semis, 800 kg d’un engrais tertiaire en composition 14N-7P-16K ont été épandues. Le semis s’est aussi déroulé dans des conditions sèches. Le semoir utilisé est de marque Monosem de 3m de large avec des éléments semeurs (4 sur 3m) espacés de 75 cm.

Opération Date Plante Variété Pied/ha
semis di maïs 2/05/2017 Maïs SY Altitude 220 demi précoce 95 000

 

Ainsi théoriquement, le maïs devrait être planté à 6 cm de profondeur avec 95000 graines par hectare (une graine tous les 14 cm).

 

Premier désherbinage

Le premier désherbinage a été effectué avec une désherbineuse le 2 juin 2017 au stade 5-6 feuilles du maïs. Pour rappel, des jets localisés pulvérisent le rang de maïs et les dents travaillent la terre et procèdent à un désherbage mécanique (cf. point 5.4.5 dans la partie bibliographique du mémoire en PJ).

La présence sur la terre de chénopode blanc, morelles noirs, ray-grass, mouron, seneçon et chénopode à roche a renforcé notre choix dans la sélection des deux produits phytopharmaceutique suivant. Le premier produit intégré dans la solution à pulvériser est du Callisto, à base de mésotrione qui est utilisé en post-levée des adventices contre les dicotylédones comme les chénopodes et morelles. Il est systémique foliaire,  c’est-à-dire qu’il est absorbé par les feuilles de la plante et véhiculé par la sève entraînant une destruction foliaire et racinaire (Syngenta 2016). Le deuxième produit phyto mélangé dans la cuve est le MONSOON ACTIVE, herbicide systémique foliaire de post-levée de la culture de maïs. Il est efficace sur les principales graminées et dicotylédones du maïs. Composé de thiencarbazone-methyl, de foramsulfuron et de cyprosulfamide (Bayer 2015).  Ce coktail permet d’atteindre toutes les adventices présentes sur le champ. Les informations techniques correspondant  au premier désherbinage sont reprises dans le tableau suivant.

Opération Date Produits Quantité produit/ha Volume/ha Condition météo Stade maïs
1 er désherbinage 2/06/2017 Callisto (contact) 0.8l 275l Ensoleillé 11h, pas de vent 5-6 feuilles
Mansoon active 1l 275l

 

Deuxième désherbinage et implantations des couverts

L’herbicide utilisé contre les graminées et les dicotylédones est le Zeus qui contient du diclofop-méthyle et du fénoxaprop-P-éthyl, cette molécule est capable de détruire les dicotylédones présentes sur l’essai par contact foliaire. Pour vérifier l’efficacité de l’application de cet herbicide, des bandelettes jaunes réagissant aux gouttelettes du produit en virant au bleu (photo ci-contre) ont été placées dans l’inter-rang. Cette bandelette recouverte de gouttelettes démontre que les adventices se situant dans le rang de maïs seront touchées de manière homogène par l’herbicide qui est de type foliaire.

Les informations techniques de cette 2ème pulvérisation par désherbinage sont indiquées dans le tableau suivant.

Opération Date Produit Quantité produit/ha Volume/ha Condition météo Stade maïs
2ème desherbinage 09/06/2017 Zeus 0.7l 275l Ensoleillé 15h, pas de vent 6-7 feuilles

 

La désherbineuse est équipée d’un dispositif semeur pouvant semer les différents couverts en même temps que le passage du deuxième désherbinage.

Le réglage et la densité de semis de chaque légumineuse ou mélange de légumineuses se trouve dans le tableau suivant. On a juste essayé deux densités de semis du mélange (10 et 13kg correspondant au réglage 9 et 10 sur la désherbineuse) pour savoir s’il est nécessaire d’avoir une densité plus élevée pour avoir une couverture du sol plus élevée.

Opération Date Plante Variété Kg/ha Réglage semoir
Semis légumineuses 9/06/2017 Trèfle Blanc Rivendel 5 10.5
Trèfle d'Alexandrie Tabor 8 11.5
Lotier Corniculé   8 8.5
Trèfle blanc Huia 5 9
Mélange de vesce, trèfle incarna-b Massa, Cegalo, Abera 10 9
Mélange de vesce, trèfle incarna-b Massa, Cegalo, Abera 13 10

 

Plan de l'essai

Evolution des modalités en images : le 22 juillet 2017

Evolution des modalités en images : le 19 septembre 2017

Mesures expérimentales réalisées

Biomasse aérienne des sous semis

Les prélèvements se sont réalisés le mercredi 19 septembre 2017 juste avant l’ensilage du maïs et le 17 octobre juste avant le semis du froment. Le but de ces prélèvements est de voir quelle espèce est la plus adaptée au sous semis du maïs et de déterminer celle qui est la plus couvrante.
 

Les écarts de rendement sont importants : les trèfles blancs Huia et Rivendel ont de très bons développements. On peut voir sur le graphique que les trèfles blancs (Huia et Rivendel) ont une très bonne capacité de couverture du sol et donc de résistance et de développement sous l’ombrage du maïs. Par contre pour la modalité lotier, les rendements escomptés sont assez faibles avec un tapis assez couvrant mais moins dense que les tapis de trèfles blancs. Le trèfle d’Alexandrie est la modalité qui a eu le meilleur démarrage. Mais celui-ci s’est avéré plus sensible à l’ombrage causé par le maïs, et vers mi-juillet, il a été devancé par les modalités de trèfles blancs. A la récolte du maïs la présence de trèfles d’Alexandrie est très faible au point de voir plus de terre dans l’inter-rang que de végétation. Concernant les 2 mélanges, le réglage 10 de densité de semis de 13kg/ha est légèrement plus productif (+21 kg/ha de biomasse sèche) que le réglage 9 de densité 10kg/ha. Leur couverture n’est pas très intense mais la vesce produisant des longues tiges rampantes donne une impression de couverture du sol.

Un deuxième prélèvement réalisé un mois après le premier (le 17/10/17).Toutes les modalités ont été régulées à l’aide de 2l de glyphosate à l’hectare sauf la modalité trèfle Huia M qui sera détruite mécaniquement avant le semis du froment.  Pour une question pratique, seules les modalités des couverts ayant augmenté leur couverture et leur biomasse de manière visuelle ont été récoltées. Le trèfle d’Alexandrie, le lotier et le mélange réglage 9 n’ayant visuellement pas bougé en un mois et n’ont pas été prélevées une seconde fois. Les trèfles blancs sont passés de 350-500 kg/ha à 650-750 kg/ha de matières sèches en 1 mois seulement. Concernant le mélange réglage 10, sans l’ombrage du maïs celui-ci va exploser en biomasse en passant de 200 kg/ha de matières sèches à presque 800 kg/ha.

 

Discussion

Dans le mélange, la vesce ainsi que le trèfle incarnat ont la capacité de fabriquer de longues tiges qui s’entremêlent. La biomasse sèche élevée le 17/10 de cette modalité peut s’expliquer par des tiges plus nombreuses que le feuillage. Ces tiges plus lignifiées produiront donc de la matière sèche en plus grande quantité.

Biomasse aérienne du maïs

La biomasse du maïs va permettre de voir l’influence des couverts sur le maïs.

Les différences entre les modalités sont relativement modestes et se situe entre 17 et 19 tonnes de MS/ha.

La modalité la plus productive est celle du maïs avec le sous semis de trèfle blanc Huia, la modalité témoin arrivant en 2ème position. Le mélange réglage 9 et le trèfle d’Alexandrie sont en dernière position de rendement avec une production de 17.1 et 17.3 tonnes de MS par ha.

 

Cependant, le mélanges réglage 10, trèfle blanc Rivendel, lotier arrivent juste derrière le témoin avec 100 à 300 kg de MS/ ha en moins.

Discussion

Le trèfle d’Alexandrie n’aurait donc eu le temps que de seulement prélever les éléments du sol sans pouvoir les rendre au maïs (comme vu précédemment le maïs absorbe la plupart des éléments de la 6ème feuille à la floraison). Le trèfle d’Alexandrie a été un frein au développement du maïs en captant les éléments sans pouvoir produire de l’azote avant la floraison du maïs. Le même procédé est applicable pour le mélange réglage 9. Son très faible développement dû à une trop faible densité de semis a été nuisible au développement du maïs.

On remarque que le témoin a produit de très bons rendements avec cependant une différence positive minime par rapport au trèfle Huia, au lotier, au trèfle Rivendel et au mélange 10. On peut donc en déduire que les modalités de couverts influencent peu les rendements et que pour le trèfle Huia, des effets bénéfiques permettent même d’augmenter de 100kg/ha le rendement de matières sèches.

 

Azote

Les résultats d’un profil azoté réalisé le 6 février 2017 sur l’ensemble de la parcelle sont représentés sur la gauche du graphique.

La somme totale de l’azote contenu dans les 3 différentes profondeurs de chaque modalité sont classées sur le graphique de gauche à droite, dans un ordre décroissant.

Nous pouvons observer une quantité d’azote plus élevée pour le mélange 9, le témoin et le trèfle Huia. Les résultats des autres modalités sont assez semblables et tournent autour de 14 à 22 kg/ha.

 

Discussion

Les différences sont assez minimes et des différences de 30 à 40 % entre modalités dans des profils azotés sont assez courantes. Le manque de répétabilité et les erreurs possibles dues aux prélèvements peuvent influencer les résultats. De plus les plantes compagnes ne se sont pas encore minéralisées et n’ont donc pas encore rendu l’azote absorbé et produit, la restitution de l’azote ayant commencé pour certaines modalités mais est loin d’être terminée (ce qui profitera surtout au froment qui suivra).

Le témoin n’ayant pas de légumineuses en inter-rang, il est normal d’y observer une dose d’azote plus élevée. Cependant il faut aussi tenir compte que les adventices dans le témoin sont plus nombreuses et ont également la capacité de prélever du nitrate.

Il faut de plus tenir compte de la minéralisation du couvert précédent. En observant les prélèvements réalisés le lendemain de la récolte, on remarque une bonne gestion de l’azote. On limitera fortement le lessivage car les reliquats moyens ne sont pas très élevés après la récolte.

Comptages des adventices

Des comptages d’adventices ont été réalisés dans les différentes modalités ainsi que sur le témoin pour suivre l’évolution du développement des adventices et déterminer le meilleur couvert qui limite donc la propagation des adventices.

Les adventices les plus présentes sont les chénopodes blancs et la morelle noire. Les adventices présentes en faibles proportions comme des laiterons, du mouron, du seneçon, des géraniums et des graminées. Dans les graminées, il s’agit essentiellement de ray-grass, de panic-pied-de-coq et de pâturin.

Les résultats du comptage effectué le 2 juin 2017 sur l’ensemble de la parcelle juste avant le premier désherbinage et avant le semis des modalités de couverts de légumineuses se situent en bas du graphique. Ce sont les adventices visibles entre le semis du maïs le 2 mai 2017 et 2 juin 2017.

Nous constatons qu’il y a eu un développement des adventices quelle que soit la modalité malgré le passage avec la désherbineuse. Nous remarquons tout de même que toutes les modalités ont un effet de compétition réduisant le nombre d’adventices par rapport au témoin maïs pur.

Concernant les deux dates de prélèvement du 14 aout et du 19 septembre 2017, nous observons une faible diminution des adventices voir parfois une stagnation de celles-ci.

 

Discussion

Des contraintes logistiques et de temps ont fait que le premier désherbinage s’est déroulé un peu trop tard (5-6 feuilles du maïs au lieu de 3-4 feuilles (ce qui était préconisé). Un plus grand laps de temps entre les 2 désherbinages aurait été nécessaire pour obtenir un réel effet d’épuisement du stock de semences d’adventices. Les adventices ne pouvant regermer avant le 2ème désherbinage, l’effet de ce dernier sera quasi nul.  Le premier désherbinage s’étant effectué trop tard et le stade du maïs avançant rapidement, le deuxième désherbinage a été réalisé rapidement (1 semaine) après le premier.

On remarque dans les modalités peu couvrantes comme le mélange 9, le trèfle d’Alexandrie et le lotier une faible augmentation des adventices entre le 14/08 et 19/09. Cela confirme l’hypothèse qu’un couvert développé va pouvoir limiter l’implantation et le développement d’adventices et à l’inverse un couvert peu développé va permettre une hausse des adventices.

Qualités technologiques de l'ensilage

Analyse des VEM

VEM = Unité fourragère lait en Unité par kg de matière sèche

Nous constatons , une variation minime de l’énergie des ensilages sur les différentes modalités. Cependant on observe une moins bonne production de VEM (934 VEM) du témoin tandis que deux modalités ont produit 982 et 986 VEM (Mélange 10 et TB. Riv). Les résultats des autres modalités sont assez semblables et tournent autour de 950 et 960 Vem.

 

Discussion

Nous pourrions expliquer cette différence par la concurrence que le maïs a subie. Le maïs est réputé pour sa très bonne valeur énergétique. Un ensilage de constitution normale a une valeur énergétique située entre 950 et 1000 VEM. Les productions de VEM réalisées dans les modalités avec des couverts de légumineuses se situent toutes au-dessus de 950 VEM, prouvant ainsi qu’il est possible d’obtenir un maïs de qualité énergétique en ayant un sous semis de légumineuses.

Synthèse des résultats du sous-semis de légumineuses

Le tableau ci contre synthétise les résultats obtenus pour les différentes modalités de sous-semis dans le maïs avec en rouge les moins bons résultats, en orange les résultats dans la moyenne des modalités présentées et en vert les meilleurs résultats au-dessus de la moyenne.

« L’aptitude globale aux sous-semis » met en évidence le trèfle blanc Rivendel et le trèfle blanc Huia. Le mélange de trèfles et vesces quant à lui est plus adapté en réglage 10 avec une plus grande densité de semis (13kg/ha) que le mélange réglage 9 avec une plus faible densité de semis (10kg/ha). Le trèfle d’Alexandrie est lui peu adapté au sous-semis et a produits des résultats médiocres durant cette année expérimentale. Le lotier se situe dans la moyenne pour quasi l’ensemble des mesures réalisées mais toujours en dessous des modalités de trèfles blancs.

Discussions des interrelations entre les résultats de Vieusart

Concurrence des couverts sur le maïs

Au vu des faibles différences de rendements, on peut déduire que les couverts ne sont pas nuisibles au bon développement du maïs et on peut même observer un gain de  de matières sèches à l’hectare pour la modalité trèfles blancs Huia. On va plutôt remarquer justement que les couverts les moins bien développés vont avoir un effet négatif sur le rendement (TA, mélange 9). Un couvert bien implanté va donc avoir un effet positif sur le maïs.

Concurrence des couverts sur le développement des adventices

On remarque aussi que les modalités ayant une plus faible couverture du sol vont laisser la possibilité aux adventices de se développer. Une fois le couvert bien implanté comme c’est le cas pour les trèfles blancs, celui-ci a empêché le développement d’adventices de par la concurrence trop importante qu’il entraine. La bonne implantation des couverts se marque aussi par une biomasse sèche élevée. De plus les adventices qui se sont développées avant le développement du couvert sont entrées en sénescence et n’ont donc pas été remplacées. La présence d’adventices a de ce fait diminué au cours du temps. Ceci met en évidence que les adventices sont concurrencées par la couverture et la production de biomasse de la légumineuse.

Influence des couverts sur la qualité du maïs

Les modalités ayant une moins bonne couverture du sol et biomasse de légumineuses sont celles qui ont le plus faible taux de VEM. On pourrait dès lors émettre l’hypothèse que les légumineuses ont la capacité de rendre les éléments disponibles dans le sol permettant ainsi au maïs de produire une quantité plus importante de VEM.   

Malgré que le taux de protéines brutes totales soit assez semblable entre les différentes modalités on remarque que le taux de protéine est inversement proportionnel au rendement du maïs. En effet selon Gastal et Lemaire (Gastal and Lemaire 2002)  des rendements plus faibles impliquent une plus grande concentration des protéines dans la plante.

Captage et relargage azoté des couverts de légumineuses

On peut considérer que les modalités ayant peu d’azote dans leur profil après la récolte sont des modalités avec un bon rendement en maïs et des couverts bien développés. En comparant le trèfle Huia et le témoin, on remarque que la légumineuse a certes absorbé de l’azote mais qu’elle a surtout permis de produire de 100kg de MS/ha en plus que le témoin. Alors qu’il y a seulement 3 unités d’azote dans son profil du trèfle Huia en moins que le témoin. On peut donc affirmer que le trèfle blanc Huia P a eu la capacité de déjà enrichir un minimum le sol et surtout de rendre plus disponible l’azote pour le maïs.

L’augmentation de biomasse après la récolte ainsi que l’azote produit grâce au rhizobium seront surtout disponibles pour le froment qui suit. Les légumineuses produisant 1 tonnes de matière sèche à l’hectare sont capables de restituer en moyenne 40kg N/ha/an.

Autres suivis d’essais en maïs

Suivi de l’essai à Herquegies

Présentation et but de l’essai

Cet essai maïs est un essai en agriculture biologique pour lequel ont été associées des légumineuses à grains (féveroles, vesces) en mélange avec le maïs sur le même rang, un rang sur deux ou voir même 2 rangs de chaque. Le désherbage est mécanique vu que l’essai est en bio. Cette fois l’essai n’est pas récolté sous forme d’ensilage mais seulement pour le grain. L’objectif de cet essai est de récolter le grain du maïs tout en essayant de récolter le grain des légumineuses à grains pour obtenir un apport de protéines mais aussi de vérifier l’impact des légumineuses sur le rendement maïs.

Choix des modalités

L'agriculteur d’Herquegies travaillant avec une bineuse en 45 cm, le maïs est donc semé avec un semoir pneumatique à betteraves (inter-rang de 45cm). Le but est de garder une densité de 105000 plants de maïs à l’hectare tout en introduisant des légumineuses à grains afin d’obtenir un revenu complémentaire. Notre choix s’est tourné vers 2 légumineuses à grains capables de puiser l’N atmosphérique tout en ayant des grains de grande valeur protéique (pouvant être destinés à l’alimentation du bétail bio). D’après les recherches bibliographiques la vesce et la féverole sont les plus adaptées à cet essai car les périodes de semis et de récoltes concordent avec le maïs. Le but est donc de garder les grains de légumineuses sur pieds lors de la récolte du maïs grains.

Après discussion avec des spécialistes en semoir mono grain, on a remarqué que l’introduction du maïs et d’une légumineuse en ligne dans la même trémie était trop aléatoire et poserait des problèmes d’ordre technique de travail des semoirs mono grains avec des semences de dimensions différentes. Si une implantation de la légumineuse à la volée après le dernier binage pouvait être une solution, la levée des graines de légumineuses n’est pas garantie et la bineuse les aurait détruites dans l’inter-rang. On a plutôt opté pour une implantation de légumineuses un rang sur deux et deux rangs sur quatre en alternance avec le maïs, réduisant ainsi la compétition pour la lumière grâce à de plus larges espaces entre les lignes. De plus les légumineuses ne dépassant pas 1,20m, le maïs ne sera pas freiné. L’entrepreneur qui a semé l’essai était équipé d’un RTK dont les 3 cm de précision ont permis d’implanter la vesce d’une modalité et deux variétés de fèveroles dans deux autres sur le même rang que le maïs. On a donc implanté les légumineuses en un premier passage pour ensuite repasser exactement au même endroit avec le maïs.

Voici ci-après le plan de l’essai mis en place :

Plan suivi des essais

Discussion des observations

La précision de semis grâce à l’outil de précision RTK a été une réussite. Ainsi, les féveroles semées en un premier passage et le semis des maïs juste au-dessus en un deuxième passage ont donné d’excellents résultats de levée exactement sur le même rang (photo ci-contre), permettant le passage de la bineuse. Dans l'essai Maïs féverole en alternance un rang sur deux, on observe les bonnes levées de la modalité féverole. Les modalités avec les vesces sur le même rang de maïs ont quant à elles produit les moins bons résultats. La vesce a difficilement poussé entre les maïs et a vite été pénalisée par l’ombrage du maïs. Les conditions climatiques printanière sèches ont peut-être été plus favorables à la féverole (poids de mille grains plus élevés et se semant plus profondément).

La féverole est en sénescence assez élevée le 17 octobre 2017. Les tiges se cassent sous l’effet du poids des féveroles et les grains contenus dans des gousses se répandent sur le sol (encore plus visibles sur les modalités 2 rangs sur 4 et 1 rang sur 2). Les modalités de féveroles semées dans le même rang que le maïs sont elles plus dressées car soutenues par le maïs.

La récolte du maïs grains s’est déroulée le 7 novembre 2017, les grains étaient à 27,5 d’humidité.

Les modalités faisant 5,4 m de large (12 rangs fois 0,45m) et la machine ayant un bec récolteur de 4,5m permettent de récolter 10 rangs sur 12 dans chaque modalité. L’essai (100 mètres de long et de 450m²) a été récoltée par modalité dont les rendements par hectare sont repris dans le graphique figure 50. La trémie de la moissonneuse est vidée après la récolte de chaque modalité dans un big bag qui est ensuite pesé à l’aide d’un peson (photo ci-contre). On observe très peu de féveroles dans le big bag (estimation d’un grain de féverole pour 1000 de maïs). Les fèveroles sont presque toutes tombées sur le sol et ont même parfois déjà germées. Le bec récolteur de la moissonneuse avait tendance à coucher encore plus les féveroles.

Les modalités de féveroles semées 1 rang sur 2 et 2 rangs sur 4 sont en dernières positions. Cependant seuls 5 rangs de maïs ont été récoltés sur les 10 car les 5 autres rangs étaient occupés par des rangs de féveroles (pour les autres modalités 10 rangs sur 10 de maïs ont été récoltés). Les rendements de féveroles semées 1 rang sur 2 et 2 rangs sur 4 sont en dessous des autres modalités. La modalité avec de la vesce semée sur le même rang que le maïs n’a pas été plus productive que le témoin (moins 1,2 tonne/ hectare) (graphique ci-contre).  Cela peut s’expliquer par la concurrence de la vesce sur le maïs durant les premiers mois. Le maïs a pris du retard et comme la vesce ne s’est pas bien développée sous le maïs, celle-ci a rendu très peu de matières organiques et d’azote. Cependant pour les deux variétés de féveroles semées sur le même rang que le maïs, les rendements sont plus élevés que pour le témoin (plus d’une demi-tonne). La présence de la féverole dans le rang a donc été bénéfique au maïs, le maïs n’ayant été nullement gêné par la féverole durant l’ensemble de son cycle. De plus la féverole commençant à faner début aout, elle a eu le temps de commencer à rendre l’azote accumulé et le rendre accessible au maïs.

Conclusion

Cet essai a permis d’identifier le couvert le plus bénéfique dans un sous semis de maïs semé à la désherbineuse. L’expérimentation de sous-semis de légumineuses semées en inter-rang au stade 6-7 feuilles du maïs a permis de comparer les couverts et de conclure que les modalités de couverts de trèfles blancs (Huia et Rivendel) sont les plus adaptées globalement au sous-semis avec un rendement en matière sèche du maïs augmenté de 3,3% pour le trèfle Huia et quasi égale (-1.1%) pour le Rivendel par rapport au témoin maïs pur. Ces couverts ne concurrencent pas le maïs tout donnant une valeur alimentaire supérieure à l’ensilage et avec un bon recouvrement empêchant le développement des adventices. La modalité mélange 10 et le lotier sont assez neutres pour le maïs mais par contre le trèfle d’Alexandrie et le mélange réglage 9 sont peu adaptés au sous-semis.

Cette technique de sous-semis n’offre pas un énorme gain de rendement mais la mise en place et le bon développement d’un couvert en inter-rang a sans aucun doute permis de limiter l’érosion du sol pendant le développement du maïs. Le désherbage mécanique a réduit de 60% la quantité de produits phytosanitaires préservant ainsi le biotope environnant.

L’effet azoté des légumineuses est peu marqué sur le maïs et les faibles différences entre les modalités ne permettent pas de remarquer une réelle restitution de l’azote des légumineuses. Cependant l’effet azoté des couverts devrait se marquer l’année suivante, ceux-ci ayant été détruits chimiquement et mécaniquement suivi d’un semis direct de froment. Les résultats sont à suivre et Greenotec envisage d’aller plus loin dans ces analyses.

Mémoire : L'agriculture de conservation en MaïsMémoire : L'agriculture de conservation en Maïs : expérimentation de la technique d'association avec des légumineuses de Dessart François.

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