"Je suis en non-labour depuis 20 ans. Mes motivations premières étaient économiques : gain de temps et économie grâce à la réduction des passages de machine. Je suis convaincu qu’un sol vivant permet une culture plus saine. Pour être en bonne santé, nous devons manger sainement : c’est la même chose pour les plantes. Aujourd’hui, je vois l’agriculture de conservation comme une assurance gratuite, sécurisant mes rendements et m’offrant une résilience face aux imprévus climatiques (stockage de carbone, moins de sensibilité au tassement, pas d’érosion, rétention d’eau…). J’apprécie particulièrement la position neutre et objective de Greenotec, qui s’affranchit de liens commerciaux lors de l’accompagnement dans cette démarche.
Nos terres et notre système nous offrent des rendements satisfaisants, que je ne suis pas prêt à sacrifier en prenant des risques comme la suppression des produits phytosanitaires. Grâce à l’agriculture de conservation, j’ai pu néanmoins stopper l’usage de semences enrobées d’insecticide et diminuer considérablement mes traitements. J’utilise des techniques préventives et joue sur la nutrition des plantes. En bref j’essaie de produire selon mon potentiel avec le moins de chimie possible.
Ma priorité est d’atteindre l’autonomie fourragère et alimentaire sur mon exploitation. La transformation de mes céréales en farine à la ferme m’approvisionne en son. Je suis attaché à mes animaux qui me permettent d’apporter de la matière organique sur mes parcelles. De plus, je suis presqu’autonome en électricité grâce à ma station de biogaz qui fonctionne avec le lisier de mes bovins. J’implante du maïs épis qui restitue beaucoup de carbone en peu de temps pour nourrir mon sol. J’essaie de maximiser ma production de biomasse qui retourne au sol (couverts végétaux…) pour tendre vers une auto-fertilité mais j’en suis encore loin (il faudrait 22 tMS/ha !).
Pour la culture de betterave, je regrette le manque d’anticipation de l’interdiction des néonicotinoïdes. J’ai réalisé des premiers essais d’association avec la féverole, qui sont prometteurs. A l’avenir, j’envisage de diminuer la surface de pomme-de-terre, pour commencer le colza associé avec des plantes compagnes. Le tourteau de colza et les féveroles associées augmenteront mon autonomie en apports protéiques dans les rations.
La clef d’un système agricole résilient et durable réside dans la diversification, la mixité, le circuit-court, la coopération, la vie du sol… Je pense que les agriculteurs appliquant les principes de l’AC doivent être reconnus pour les services rendus pour l’environnement (séquestration de carbone, diminution de l’érosion, diminution des produits phytosanitaires…). Si la pratique de l’AC est déjà bénéfique pour le bilan financier de mon exploitation, une reconnaissance supplémentaire ne serait pas de refus !"