Après avoir essayé quelques races, Mathieu s’est tourné vers la race française Ile de France. Cette dernière lui permet d’étaler les agnelages et proposer de la viande toute l’année à ses bouchers. De plus, les agneaux qui pâturent les couverts d’interculture ont 10 jours de retard de croissance comparé à ceux en bâtiment, ce qui offre encore de la flexibilité dans l’approvisionnement. Pour l’instant, Mathieu réinvestit l’entièreté de ses bénéfices dans son élevage.
La coopération s’installe, Mathieu pâture même les couverts de quelques fermes voisines dans un système « gagnant-gagnant » : les moutons mangent le couvert et les repousses de la culture précédente tout en fertilisant le champ. Cela permet à Mathieu de nourrir ses moutons en période de sécheresse et en fin de saison, quand la pousse de l’herbe n’est plus optimale. Les couverts pâturés sont habituellement constitués de phacélie, de chou fourrager et de trèfle. Mathieu et Hervé veillent à introduire des espèces non gélives (comme le chou fourrager, qui a une bonne valeur nutritive) dans le mélange afin de procurer de la nourriture le plus longtemps possible aux bêtes. Une telle collaboration entre éleveurs ovins et cultivateurs a de beaux jours devant elle, au vu des grandes superficies de couverts disponibles par rapport au faible nombre d’ovins en Wallonie.
Le pâturage des couverts ne comporte pas que des avantages. À ses débuts, Mathieu a été confronté à une importante mortalité d’agneaux à cause des renards. Il a donc acheté un Patou, un chien de montagne de défense des troupeaux. Mathieu observe aussi un souci inattendu : les reproches des promeneurs craignant pour le confort des moutons en hiver, en l’absence d’abri dans les parcelles. Un tassement superficiel du sol (quoique moins marqué en système SD) peut aussi être provoqué par le piétinement des moutons, mais qui aura tendance à disparaître rapidement grâce à la vie du sol. Enfin, dans ce système, Mathieu note un problème au niveau des déclarations PAC. Lorsque sont comptés les prairies et les moutons, une énorme charge ovine à l’hectare est observée, considérant donc le système comme très intensif. Mathieu pourrait alors perdre une aide qui correspondrait à environ 25% de son bénéfice. Il aimerait donc pouvoir considérer ses pâtures en fonction de la durée pendant laquelle les moutons y passent réellement, et tenir ainsi compte de la pâture des couverts.
Mathieu est un véritable passionné de moutons. En quête permanente d’amélioration, il a testé le pâturage tournant dynamique. Après avoir observé une augmentation de production de 30% et une vie du sol plus active, il renouvellera l’expérience.