"Je suis entré sur la ferme familiale de mon père, qui la tenait de son père, il y a 25 ans. Nous nous sommes intéressés au non-labour dans les années 90, d’abord pour les céréales, ensuite pour l’ensemble des cultures. Cette conversion a été motivée par des phénomènes de stagnation de l’eau sur les terres argileuses et de battance sur les terres limoneuses. De plus, nos terres sont assez légères, ce qui compliquait les labours d’hiver, tandis que les labours de printemps constituaient un surplus de travail en période intense. Le labour a, dans un premier temps, été remplacé par un décompactage, puis par des pratiques de TCS de plus en plus légères.
Il y a 25 ans, nous avons commencé à implanter des couverts de moutarde seule, puis de phacélie seule. Plus tard, nous avons ajouté de l’avoine, puis constitué des mélanges plus diversifiés, variant selon la rotation. La production fermière des semences de couverts permettrait de réduire les coûts et d’implanter des plantes bien adaptées au contexte local.
Je fonctionne en traitements bas-volumes, surtout pour les fongicides et insecticides. Au long de ma carrière, j’ai donc considérablement réduit les volumes de produits phytosanitaires appliqués sur mes terres (mais sans réduction du nombre de passages). Misant sur la nutrition des plantes, d’abord avec PRP, je travaille aujourd’hui avec TMCE. Depuis 16 ans, je peux me passer d’insecticide de sol et de phosphore chimique, tandis que j’ai fortement réduit l’apport de potasse.
En 2008, nous avons acquis un semoir Horsh Pronto. Moins on décompactait, moins on en avait besoin… En 2020, j’ai acheté un semoir à dents pour le semis direct et ça complète bien le Pronto. J’ai également adapté la rotation pour abandonner la culture de chicorée, qui se récolte trop tardivement, et de légumes, qui souffrent trop de la sécheresse. Cela m’a amené à introduire le colza, dont je maîtrise l’ensemble de l’itinéraire, du semis à la récolte. Je sème donc en direct certaines de mes cultures (blé, colza…), tandis que d’autres nécessite un travail du sol plus ou moins léger (betterave, pomme-de-terre).
Le TCS me permet, avec un peu d’organisation, de cultiver seul l’ensemble de l’exploitation. Pour cela, il faut profiter un maximum des conditions climatiques idéales. J’ai également réduit ma consommation de carburant grâce à l’abandon du labour et du décompactage. Cependant, par rapport aux investissements et au temps de travail, les revenus d’un agriculteur restent faibles. De plus, c’est l’acheteur qui fixe les prix de vente, tandis que les prix des terres grimpent. Depuis 2-3 ans, je me disais donc qu’il fallait que je fasse quelque chose d’original pour tirer mon épingle du jeu. Comme je suis l’un des seuls producteurs de colza de la région et que je ne connais pas en Wallonie d’agriculteurs qui font de la transformation fermière de colza de A à Z, je me suis tourné vers la production d’huile de colza."