Même si cela peut paraître étonnant dans une région quasi entièrement vouée à l’élevage, ce sont (chronologiquement parlant) d’abord des motivations agronomiques qui ont conduit Philippe à s’intéresser au non-labour en culture du maïs ensilage. Que l’on soit fan ou détracteur de la machine, il faut reconnaître que l’épopée « Dutzi » qu’a connue la Wallonie dans le courant des années nonante a d(b)rainé foule d’agriculteurs (dont lui) vers le non-labour et les a poussés à creuser davantage (au propre comme au figuré) les sols qu’ils avaient l’habitude de fouler. Les premiers essais sur l’exploitation datent de 1998. Une partie d’un champ est préparée à la Dutzi (décompacteur à dents à larges ailettes et rotor), l’autre traditionnellement en labour. Un semoir monograine à disques réalise le semis du maïs uniformément sur la parcelle dans un second temps. Cette saison culturale fut marquée par une grande sécheresse, avec à la clé un très net avantage pour la modalité de non-labour grâce à la conservation d’une plus grande humidité dans le sol (les travaux profonds, qu’ils constituent en des labours ou non, sont toujours réalisés juste avant le semis du maïs - soit fin avril / début mai - pour reprendre les traces des épandeurs de lisier). L’expérience est répétée en 1999 et 2000 dans des conditions météorologiques moins contrastées et sans différence notoire in fine.
La deuxième motivation pour le non-labour était d’ordre organisationnel : les travaux profonds du sol pour l’implantation du maïs, ne pouvant être décalés dans l’année pour les raisons précitées, coïncidaient (et coïncident toujours) avec les premiers ensilages d’herbe. Toute technique permettant de réduire les temps de chantier était donc bonne à prendre. Dans cette optique, il a été tenté en 2002 de procéder au semis du maïs en un seul passage avec un combiné Dutzi - semoir à céréales à disques mais les résultats du semis en réparti ne se sont pas révélés concluants. Tout aussi peu probants étaient ceux d’un autre essai visant à implanter le maïs à la Dutzi sur un précédent prairie. L’exploitation abandonnant définitivement la rotation maïs / céréales en 2003, il fallait trouver une solution performante. C’est un entrepreneur néerlandais qui l’a amenée par la technique du strip-till.